Littérature québécoise

Faire revivre La Petite Patrie en BD

La Petite Patrie

Julie Rocheleau et Normand  Grégoire

Éditions de la Pastèque, 88 pages

La Petite Patrie, roman de Claude Jasmin publié en 1972, n’a pas fini de nourrir l’imaginaire montréalais. Après la série télévisée des années 70, voilà que cette histoire sur le quotidien d’une famille issue d’un quartier populaire de la métropole reprend forme sous les traits de crayon d’une jeune artiste.

Scénarisée par Normand Grégoire, la bande dessinée qui vient tout juste de paraître est illustrée par Julie Rocheleau, bédéiste montréalaise choisie par l’éditeur français Dargaud pour donner un nouveau visage à l’illustre Fantômas. Nous lui avons posé trois questions.

Qu’est-ce qui t’a donné envie de travailler à ce projet ?

Je faisais de la BD d’aventure grand public quand Normand [Grégoire] m’a proposé l’idée. J’ai sauté dessus ! C’est exactement ce que je voulais faire après Fantômas. Je n’ai pas connu la série télévisée, mais je connaissais Claude Jasmin et l’histoire m’a immédiatement parlé. La série a vieilli, mais elle a quelque chose d’intemporel. La Petite-Patrie, c’est aussi mon quartier, et j’ai beaucoup de tendresse pour ce quartier. Je suis une fille des années 80. On peut penser qu’il y a une grande distance avec La Petite Patrie, mais c’est très universel. Ça ressemble à la vie de tout le monde.

Qu’est-ce que La Petite Patrie évoque pour toi ?

J’ai grandi à la campagne, mais ma mère a grandi dans La Petite-Patrie. J’adorais les histoires des jeux de ruelle même si je n’ai pas connu cette réalité. Je ressens une espèce de nostalgie empruntée pour cette époque. La Petite Patrie, c’est l’histoire d’une société, très blanche et catholique, qui se méfiait peut-être un peu des étrangers, comme le Chinois avec qui les enfants étaient méchants. Les enfants reproduisaient aussi le modèle de la guerre dans leurs jeux de ruelle, un peu comme pour nous remettre nos défauts en pleine face.

Est-ce que tu t’es directement inspirée des « paysages » de ton quartier pour créer les dessins de la BD ?

J’ai pris beaucoup de photos du quartier et j’ai utilisé des photos d’époque de Montréal du musée McCord, qui en a de tous les quartiers de la ville. J’ai un peu inventé la ruelle, mais il fallait quand même qu’on reconnaisse la rue Saint-Denis et la rue Saint-Hubert. Par contre, il y a des endroits comme la patinoire qui n’existent plus. Mais l’enseigne du restaurant du père de Claude Jasmin, elle, je l’ai copiée de vieilles photos.

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